Le profil des aidants, leurs attentes : la Fondation April dresse un bilan dans son quatrième « baromètre des aidants ». Il s’agit d’une étude statistique portant sur 2007 personnes, dont 456 aidants. Cela correspond bien à la répartition au sein de la population française, dans laquelle une personne sur cinq se trouve en situation d’aidant.
Cette étude est toujours riche d’enseignements. Elle permet de mieux cerner le profit des proches Aidants tout en mesurant l’évolution et les tendances qui se dessinent d’une année sur l’autre.
Un Français sur cinq est un proche aidant
Ce baromètre qui permet de mieux cerner le profil et les besoins des Aidants. Le sujet est important car l’aide aux Aidants est « une responsabilité nationale ». La France fait face à un véritable enjeu de vieillissement de la population. Si les tendances démographiques se confirment, en 2050, la population française comptera 70 millions d’habitants. Un habitant sur trois sera âgé de 60 ans et plus (contre un habitant sur cinq en 2005). Aujourd’hui plus d’un Français sur cinq affirme apporter de l’aide de manière bénévole à un ou plusieurs proches en situation de dépendance et cette proportion est en progression constante.
La thématique des aidants gagne en reconnaissance, puisque 40% de la population a une certaine familiarité avec cette problématique contre seulement 35% en 2017.
Au sein de la population, l’on compte 23% d’aidants, contre 19% lors de l’enquête de juin 2017. Cette progression, si elle traduit la croissance du nombre d’aidants en valeur absolue, nous semble aussi liée à une meilleure reconnaissance par les aidants eux-mêmes de leur rôle. Il s’agit d’une aide bénévole qui en cumulé représente en une année plusieurs semaines de soutien aux aidés.
A qui se consacrent les aidants ?
57% des aidants s’occupent de proches en situation de dépendance due à la vieillesse. Il s’agit du niveau le plus élevé sur les quatre dernières études. Ceci reflète à la fois le vieillissement de la population et l’importance accrue des aidants dans la prise en charge des personnes fragilisées. Les autres aidants s’occupent d’un proche malade ou en situation de handicap.
40% des aidants s’occupent de leur(s) parent(s), proportion en augmentation de 2% par rapport à la précédente étude. En incluant les grands-parents, enfants et conjoints, 86% des aidants s’occupent d’un membre de leur famille.
Pour 90% des aidants, l’aide apportée concerne un ou deux proches (89% l’année précédente) et pour 81% cette aide a lieu chez l’aidé (67%) ou au domicile de l’aidant (14%).
Cette aide prend de nombreuses formes, et si l’on regarde les tâches critiques pour le maintien à domicile de l’aidé :
- 55% des aidants interviennent pour des activités domestiques (courses, ménages, repas),
- 50% interviennent pour accompagner la personne dans ses déplacements (comme des rendez-vous médicaux),
- 30% apportent une aide pour les soins ou la prise de médicaments,
- 28% aident pour les actes élémentaires de la vie quotidienne (se laver, s’habiller, se nourrir).
Le profil des aidants
37% des aidants sont seuls à prendre soin de leur proche, sans aide extérieure. Bien souvent les aidants sont eux-mêmes âgés (48% de ceux qui sont seuls à aider leur proche sont âgés de 65 ans et plus) et ils ont tendance à délaisser leur propre santé (44%).
Pour un quart des aidants, s’occuper d’un proche a des conséquences négatives, notamment sur leur sommeil et leur vie sociale. Pour 15% des aidants, ce rôle s’accompagne d’une charge financière accrue. 20% des aidants voient aussi un impact négatif sur leur moral, leur santé et leur forme physique. Au total :
- 40% des aidants se plaignent de manquer de temps,
- 18% manquent de ressources financières,
- 17% éprouvent de la difficulté pour gérer les situations de crise ou d’urgence.
Les trois principales demandes des aidants touchent à :
- une meilleure coordination entre tous les acteurs (63%),
- un besoin d’aide financière et matérielle (54%),
- un maintien à domicile de l’aidé facilité (53%).
Et si nous ne devions retenir qu’un seul enseignement de ce baromètre ? Nous dirions que malgré l’ampleur du phénomène et la meilleure compréhension du rôle crucial qu’ils jouent, les aidants familiaux ont toujours une grande difficulté pour s’identifier comme tels. Les proches apportent une aide spontanée qu’ils jugent naturelle à leur entourage. De ce fait ils ne s’identifient pas comme aidant, alors que bien entendu leurs actions sont cruciales pour la santé et le confort des personnes qu’ils accompagnent. C’est parmi les aidants qui s’ignorent que les conséquences d’un problème de santé les affectant sont les plus graves pour l’équilibre de vie du tandem Aidant-Aidé.
Marc SEVESTRE
Source : Baromètre des Aidants BVA Fondation April Septembre 2018