Il y a quelques jours, lorsque nous couchions sur le papier nos premières idées, nos premiers mots étaient « Les experts débattent pour savoir si la remontée des cas de la Covid-19 s’apparente à une cinquième vague ou à un rebond de la quatrième vague ». En moins de temps qu’il en a fallu pour finaliser nos idées, le débat a rapidement été tranché. Personne ne doute que nous sommes au début d’une nouvelle vague qui malgré la couverture vaccinale, pourrait atteindre des niveaux inégalés.
Dans notre première ébauche, nous notions que « certains s’interrogent sur l’imminence d’un nouveau confinement ». Nous spéculions alors « qu’une telle mesure nous semble grandement improbable. Le vaccin ayant été présenté comme le remède de sortie de la crise sanitaire, il est difficile d’imaginer devoir recourir à de tels extrêmes ». Nous allions jusqu’à en conclure à « l’impossibilité d’un nouveau confinement ». Même si la rapidité et l’ampleur de la progression de l’épidémie surprennent de très nombreux experts, nous maintenons notre pronostic. Malgré la progression exponentielle des nouveaux cas, il nous semble possible de pouvoir échapper à un nouvel épisode de confinement strict.
Pas de quatrième confinement
Tous, ou presque, gardons un très mauvais souvenir des périodes fortes de restriction. Aussi bien du couvre-feu que de la fermeture de tous les lieux de convivialité, mais plus encore des trois confinements. Pour mémoire, nous avons connu trois longs épisodes de « réclusion sanitaire » :
- Premier confinement du 17/3/20 au11/5/20 (1 mois et 23 jours)
- Deuxième confinement du 30/10/20 au 15/12/20 (1 mois et 14 jours)
- Troisième confinement du 3/04/21 au 3/05/20 (28 jours)
Le spectre de ces longues périodes, tous sevrés de relations sociales, hante l’esprit de nos concitoyens. Tout doit être mis en œuvre pour éviter les situations d’isolement et de solitude, surtout pour nos ainés. Il est inconcevable d’imaginer revivre les tristes fêtes de la fin de l’année 2020, réduites à leurs plus simples expressions.
Reconsigner serait un choc massif pour tous, une catastrophe économique. Ce serait admettre que la politique vaccinale a échoué. En cas de reprise épidémique, admettre que seul le confinement est en mesure d’endiguer le virus, c’est avouer qu’en permanence nous serons soumis à un stop and go sanitaire. Difficile de devoir se résigner à une succession de confinements et de déconfinements en fonction du nombre de cas et de l’encombrement des structures hospitalières. Certes, le reconfinement redevient d’actualité en certaines parties de la planète. A nos portes, c’est le cas de l’Autriche. Les Néerlandais connaissent un couvre-feu désormais avancé à 17 heures. La Belgique adopte aussi des mesures de fermetures partielles (discothèques) ou avancées (restaurants et bars).
Cinquième vague
Comme nos voisins européens, nous renouons avec des mesures plus ou moins drastiques. Dans notre pays, nous assistons à des mesures, qui sans le dire, s’apparentent à un confinement sélectif (les non-vaccinés). Nous nous risquons cependant à prédire que nous devrions échapper à un confinement strict au cours des prochains mois. Il nous semble qu’un nouveau confinement généralisé serait difficile, voire impossible, à imposer. La désobéissance civile risquerait d’être massive. Politiquement, pour les dirigeants en place, en période électorale, une mesure si extrême serait très risquée. Cela s’apparenterait à un grave constat d’échec. Comment prendre le risque politique et économique de casser la forte dynamique de la reprise économique ?
Rendons grâce aux vaccins qui ont permis de garder un relatif contrôle sur les effets les plus graves de la pandémie. Le passe sanitaire, au soulagement du plus grand nombre et au dam des opposants de toute nature de plus en plus ségrégués, s’apparente de désormais à un passe vaccinal.
Généralisation de la vaccination
Avec près de 90% de la population éligible ayant reçu un schéma complet de vaccination, la France fait figure de bonne élève. En rendant la troisième dose obligatoire, et en élargissant la population éligible (dès cinq ans), espérons que nous aboutirons rapidement à l’immunité collective. Du moins, pour les formes actuelles du virus.
Ce sont ces mutations successives qui exigent que la vaccination se fasse à l’échelle mondiale. Ceci est bien la raison pour laquelle les pays les plus riches doivent soutenir les campagnes vaccinales des pays défavorisés. La pandémie est endémique à la surface de la Terre et s’établit comme un virus saisonnier avec des mutations régulières.
Mesures barrières
Si l’on peut espérer que le confinement, mesure archaïque, ne soit plus d’actualité, il en va tout autrement de la large panoplie de mesures préventives.
En peu de temps, nous avons appris à accepter un ensemble de restriction de nos libertés. L’on pourrait citer :
- Le respect des gestes barrières
- La mise en place de jauges pour les établissements recevant du public
- Passe sanitaire lié aux rappels vaccinaux successifs
- La passe vaccinal obligatoire et étendu aux plus jeunes et pour un large ensemble des lieux publics ouverts ou clos
- L’isolement des clusters (fermeture des classes ou des écoles en cas de large diffusion localisée)
- L’interdiction de grands rassemblements
- L’établissement de listes rouges se traduisant par la fermeture des frontières à certains pays (et réciproquement bannissement des visiteurs par certains pays)
- L’interdiction de voyager dans certaines zones géographiques
Un équilibre instable
L’Europe est à nouveau au cœur de la crise sanitaire. Cependant, en récompense de la vaccination, le retour à la vie normale s’opère. Les frontières réouvrent en ordre dispersé aux voyageurs internationaux. Avec deux doses de vaccin et un test PCR de moins de 48 heures, les USA admettent leurs premiers visiteurs, après vingt mois de fermeture. Pour Israël, il faut trois doses. Pour la Grande-Bretagne, en plus du passe sanitaire (ou d’un test négatif), un long questionnaire doit être rempli et la preuve de l’achat et d’utilisation d’un test PCR à pratiquer 48 heures après l’arrivée.
Les grands évènements reprennent (festivals, foires, rencontres sportives). L’économie enregistre des niveaux de croissance digne des trente glorieuses. Les bourses atteignent des sommets historiques (avec de fortes volatilités au grès des annonces).
Mais tout cela reste fragile. Il y aura d’autres vagues, car le virus est désormais endémique. Certes, nous avons les armes nécessaires pour le combattre (vaccin en préventif, pharmacopée en curatif) ; du moins, nous l’espérons. L’un des grands atouts mis en avant pour le vaccin à ARN messager est sa rapidité d’adaptation, de reprogrammation pour combattre de nouvelles souches du virus. Cependant, il aura très souvent un coup d’avance. Cela se traduit par une très forte incertitude. À tout moment, des manifestations peuvent être annulées à la dernière minute (marchés de Noël en Allemagne), des frontières se refermer du jour au lendemain (Maroc, Afrique australe).
Vivre avec le virus
Malgré tout, il nous faut vivre avec le virus, car nous espérons tous pouvoir renouer avec notre vie d’antan (d’avant l’émergence du virus). Espérons cependant que le virus nous aura permis de remettre en question certains de nos coupables excès. Saurons-nous apporter durablement les correctifs nécessaires à nos dévoiements les plus criants ? Il est des domaines dans lesquels le tout économique ne se justifie pas. Il nous faut regagner notre souveraineté pour ce qui touche à notre santé. Au même titre que la sécurité, la santé doit être l’une des fonctions régaliennes les plus importantes de l’Etat.
Dès lors, le confinement appartient-il au musée de l’Histoire ? Le pire n’étant jamais certain, la situation peut se retourner à tout moment. Il suffit de l’émergence d’un nouveau variant extrêmement contagieux, résistant aux vaccins actuels, pour que la donne change en un tour de main. La planète est suspendue aux annonces de l’OMS sur la contagiosité et la résistance aux vaccins actuels du variant Omicron.
Le retour à la normale était conditionné à un niveau très élevé de vaccination, nous sommes aujourd’hui très rétifs au rétablissement de mesures par trop liberticides. Si demain les hôpitaux sont à nouveau submergés, si le taux de mortalité atteint de nouveaux sommets, tous, à quelques exceptions près, se soumettront bon gré, mal gré, aux injonctions de l’Etat.
Notre conviction était suffisamment forte pour affirmer « l’impossibilité d’un nouveau confinement » dans notre titre. Notre certitude vacille quelque peu aujourd’hui. Espérons que cette prédiction relève bien de la bonne logique, plus que de la foi du charbonnier.
Marc SEVESTRE
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